J’ai essayé pour la première fois les patates douces l’année dernière. Une variété à peau rose foncé et chair jaune avec quelques nuances oranges. J’avais préparé un bon substrat, elles se sont très bien développées mais échec lamentable : quasiment rien en terme de tubercules !
Et puis on m’a donné des boutures d’une variété orange, très exactement peau blanche et chair orange alors que la variété la plus courante de patate douce à chair orange ici a aussi la peau orange.
Des boutures oui car ici on ne travaille pas du tout avec les tubercules. On prend la partie terminale des longues tiges qui courent sur le sol et on prélève les 25/30 derniers centimètres. On les plante obliquement sur la butte préparée, en effeuillant tout ce qui va en terre à savoir les 2/3. Souvent on ne garde que les 2 feuilles terminales de la partie émergée. Ecartement de 25 à 30 cm. Ca s’enracine très vite ! On peut aussi utiliser la partie plus basse de la tige en prélevant aussi une bouture de 25/30 cm ce qui fera 2 boutures pour une tige mais ces boutures plus basses reprennent peut-être un peu moins bien que celles qui ont le bourgeon terminal.
Donc on m’a donné ces boutures de patates douces oranges mais déjà tard en saison, j’en ai planté 4, le reste était pourri, le 25 mai 2023 un peu à la va vite sur une butte où j’ai quand même pris soin de mettre du miam miam.
Et puis la saison sèche a commencé très vite et très brutalement vers la mi août. Fin août elles étaient encore belles avec de longues tiges qui couraient partout.
Mais 3 mois c’est trop juste, les variétés les plus précoces demandent quand même 4 mois. Alors j’ai attendu, attendu et attendu qu’elles reçoivent quelques pluies pour tubériser. Et puis on a eu cette saison sèche épouvantable, 50 jours sans la moindre goutte d’eau avec un soleil et des températures de folie. Je me suis dit qu’avec le manque d’eau elles ne tubériseraient pas. J’avais tort.
J’ai éventré la butte le 19 novembre en plein cagnard et il y avait quelques tubercules !!! Ils étaient bons. Incroyable variété, avec tout ce qu’elle s’était pris dans la gueule ses 4 plants avaient quand même réussi à produire ! D’ailleurs, les tubercules commençaient à friper et prendre 2-3 galeries de verre, je pense que c’était sûrement déjà bon à récolter à 5 mois voire à 4.
Ca c’était 2023. En 2024 j’ai préparé deux billons sur une zone jamais cultivée. Un boulot de dingue de presque 2 semaines. Déshebage, déracinage, élimination des cailloux de toute taille, incorporation de matière organique à fond la caisse et de cendres.
Il restaient quelques vieilles tiges de 2023 qui m’oent fourni 11 boutures qui ont toutes pris rapidement. Je les ai plantées le 6 février.
La croissance s’est vite emballée et voici à quoi ça ressemblait le 10 mars donc un mois plus tard. Le billon inférieur était encore vide. Les feuilles qu’on voit émerger des patates douces en 3 endroits sont des taros, des Colocasia appelés ici « dachines ».
Ca a poussé, poussé et poussé encore. J’ai dû à deux reprises rabattre sur le billon supérieur les tiges qui envahissaient le billon inférieur. Mais début mai ce n’était plus tenable, les haricots tropicaux niebe (Vigna) du billon inférieur étaient complétement submergés. J’ai donc dû agir hier soir.
Vue générale, et encore je venais de passer la débroussailleuse et les tiges les plus longues ont donc été raccourcies. Les poupounes me suivent toujours et là elles fouillent dans la masse pour trouver des sauterelles et les croquer.
Les envahisseurs. Les niebe dans la masse de patates !
Après nettoyage. J’ai rabattu les tiges sur le billon supérieur. On voit qu’aux points de contact avec le sol humide elles bouturent comme des folles. J’ai gardé quelques tiges pour les brèdes.
La consistance est moelleuse et agréable (j’avais peur que ce soit dur). Pour le côté gustatif ce n’est pas le meilleur des épinards mais avec des oignons et de l’ail ça passe bien. Les morceaux jaunes sont des bouts de… patates douces. Mais celles du marché.
Le feuillage typique de cette variété.