Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Aujourd'hui, comme pour pas mal d'entre vous je pense, je regarde la pluie tomber derrière la fenêtre, les sorties au jardin sont soumises aux volontés des averses.
Alors, même si je pense que personne ne s'en rappelle, je me suis souvenu que l'année dernière je vous avais dis que je ferais un petit reportage sur mes sorties à la pêche au carrelet sur l'estuaire, et que je ne l'avais pas fait.
Les circonstances de la vie ont fait que je n'y suis pas allé la saison passée, mais j'ai retrouvé un "reportage photo" que j'avais fais sur le forum de pêche en mer dont j'étais coadministrateur il y a quelques années.
Je vous le livre tel quel, même si quand je l'ai écrit, j'étais d'humeur poète sans en avoir le talent, et qu'en le relisant je suis plus que mitigé sur le style... Mais j'ai toujours pensé que c'est important d'assumer ses disgressions...
Voila donc une séance de pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde :
Il est des moments de vie dont on ne sait dans quelle rubrique d’un forum les placer…
La pêche au carrelet dans l’estuaire de la gironde, c’est une technique halieutique, c’est vrai, mais est-ce là le principal ?
La pêche n’a en fait qu’un rôle secondaire, n'est qu'un alibi pour échapper aux contraintes de la vie, une excuse pour tout oublier, un prétexte pour fuir les difficultés …
Passer un moment dans ces cabanes, c’est s’offrir une parenthèse de poésie dans une vie qui en manque tant, tout en se sentant le gardien d’une tradition qu’il nous est offert de continuer à faire vivre.
En approchant ce lieu hors du temps, quelques vers de l’immense Beaudelaire , appris bien trop négligemment à l’école, resurgissent de mon esprit :
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
C’est après avoir déjoué des chemins encombrés que l’on peut apercevoir se fondant dans le paysage cette cabane appelée carrelet, du nom du filet autrefois carré. Elle est construite de bric et de broc, conformément à la tradition, la récupération est ici la règle, pourtant elle est d’une solidité à toute épreuve.
On est pour les non initiés loin du luxe que l’on peut imaginer dans les vers de Beaudelaire, pourtant il est bel et bien là… Quoi de plus luxueux au fond que l’absence de superflu, loin de toute idée ostentatoire. Ici, on ne cherche pas à paraitre, on cherche à être. N’est ce pas ça, en fait, le vrai luxe dans cette société basée tellement sur le matériel ?
Sitôt franchi la passerelle, alors l’ordre, la beauté, le calme et la volupté chers au poète ne deviennent qu’une évidence. Le calme se fait même silence. On oublie trop souvent d’écouter le silence, il ne fait pas de bruit, mais quand on lui prête attention, il sait se faire entendre et se rendre indispensable à qui veut bien l’accueillir.
Quittons tout de même nos rêveries et revenons sur terre un instant pour parler pêche.
Le but premier ici est de pêcher avec ce filet appelé carrelet, qui a donné maintenant son nom à l’ensemble de la cabane. Il n’est plus carré mais rond, et le but, après l’avoir descendu au fond, est de le relever régulièrement, au hasard, en espérant qu’un poisson se trouvera au dessus. Il se manœuvre grâce à un treuil équipé d’un savant assemblage de poulies et d’un contrepoids.
Il va sans dire que cette technique, si elle a été très relativement productive il y a plusieurs dizaines d’année, n’apporte aujourd’hui plus grand-chose en termes de prises.
Les anguilles se sont raréfiés, tellement qu’elles sont soumises maintenant à un carnet de pêche, les aloses ou saumons sont maintenant interdits de prélèvement, ne reste que quelques mules pour ma part immangeables tellement ils ont goût de vase, voire quelques silures aussitôt relâchés…
Pourtant, pour une raison que seul un pêcheur traditionnel peut comprendre, ce filet est descendu et remonté régulièrement, la tradition perdure et perdurera.
Mais de plus en plus, l’intérêt culinaire de ces carrelets se trouve ailleurs, et se nomme « Palaemon longirostris », plus connue sous le nom de crevette blanche.
J’avoue, mon amie et moi, on en raffole, c’est pour nous à l’apéro un vrai délice.
Elles se pêchent à l’aide de balances, appelés balustrés, appâtées avec un peu ce que l’on veut, pour nous c’est des croquettes pour chiens, aussi efficaces et surtout moins odorantes que des tètes de poissons ou des entrailles de poulets…
Mais la vie sur un carrelet n’est pas de tout repos, car il est des traditions ancestrales dont on ne peut déroger, en mémoire des anciens, même pour relever une balance. La plus sacrée de ces traditions se nomme apéro :
Toute bonne chose ayant une fin, le soleil se couchant il est temps de rentrer, non sans un dernier regard au petit paradis, pour qui sait l’apprécier.
Alors que nous nous éloignons, les vers de Beaudelaire reviennent en tête
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
A ce moment de la journée, où le soleil se marie avec la lune, il aurait même ajouté :
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière
Avant de s’endormir avec le monde, c’est rapidement que le produit de la pêche sera cuisiné, cinq minutes dans un court bouillon relevé de sel et surtout d’anis étoilé et de fenouil, et c’est prêt :
Il ne reste plus qu’à déguster, avec ce que vous voulez, pour mon amie ce sera du vin rosé, pour ma part j’opterai pour un vin blanc sec
Ainsi se termine une journée de pêche au carrelet en médoc, avant que le rêve ne laisse place à la réalité de la vie.
Mais un moment de rêve est un moment gagné sur la morosité ambiante, un moment sacré...
Alors, même si je pense que personne ne s'en rappelle, je me suis souvenu que l'année dernière je vous avais dis que je ferais un petit reportage sur mes sorties à la pêche au carrelet sur l'estuaire, et que je ne l'avais pas fait.
Les circonstances de la vie ont fait que je n'y suis pas allé la saison passée, mais j'ai retrouvé un "reportage photo" que j'avais fais sur le forum de pêche en mer dont j'étais coadministrateur il y a quelques années.
Je vous le livre tel quel, même si quand je l'ai écrit, j'étais d'humeur poète sans en avoir le talent, et qu'en le relisant je suis plus que mitigé sur le style... Mais j'ai toujours pensé que c'est important d'assumer ses disgressions...
Voila donc une séance de pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde :
Il est des moments de vie dont on ne sait dans quelle rubrique d’un forum les placer…
La pêche au carrelet dans l’estuaire de la gironde, c’est une technique halieutique, c’est vrai, mais est-ce là le principal ?
La pêche n’a en fait qu’un rôle secondaire, n'est qu'un alibi pour échapper aux contraintes de la vie, une excuse pour tout oublier, un prétexte pour fuir les difficultés …
Passer un moment dans ces cabanes, c’est s’offrir une parenthèse de poésie dans une vie qui en manque tant, tout en se sentant le gardien d’une tradition qu’il nous est offert de continuer à faire vivre.
En approchant ce lieu hors du temps, quelques vers de l’immense Beaudelaire , appris bien trop négligemment à l’école, resurgissent de mon esprit :
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
C’est après avoir déjoué des chemins encombrés que l’on peut apercevoir se fondant dans le paysage cette cabane appelée carrelet, du nom du filet autrefois carré. Elle est construite de bric et de broc, conformément à la tradition, la récupération est ici la règle, pourtant elle est d’une solidité à toute épreuve.
On est pour les non initiés loin du luxe que l’on peut imaginer dans les vers de Beaudelaire, pourtant il est bel et bien là… Quoi de plus luxueux au fond que l’absence de superflu, loin de toute idée ostentatoire. Ici, on ne cherche pas à paraitre, on cherche à être. N’est ce pas ça, en fait, le vrai luxe dans cette société basée tellement sur le matériel ?
Sitôt franchi la passerelle, alors l’ordre, la beauté, le calme et la volupté chers au poète ne deviennent qu’une évidence. Le calme se fait même silence. On oublie trop souvent d’écouter le silence, il ne fait pas de bruit, mais quand on lui prête attention, il sait se faire entendre et se rendre indispensable à qui veut bien l’accueillir.
Quittons tout de même nos rêveries et revenons sur terre un instant pour parler pêche.
Le but premier ici est de pêcher avec ce filet appelé carrelet, qui a donné maintenant son nom à l’ensemble de la cabane. Il n’est plus carré mais rond, et le but, après l’avoir descendu au fond, est de le relever régulièrement, au hasard, en espérant qu’un poisson se trouvera au dessus. Il se manœuvre grâce à un treuil équipé d’un savant assemblage de poulies et d’un contrepoids.
Il va sans dire que cette technique, si elle a été très relativement productive il y a plusieurs dizaines d’année, n’apporte aujourd’hui plus grand-chose en termes de prises.
Les anguilles se sont raréfiés, tellement qu’elles sont soumises maintenant à un carnet de pêche, les aloses ou saumons sont maintenant interdits de prélèvement, ne reste que quelques mules pour ma part immangeables tellement ils ont goût de vase, voire quelques silures aussitôt relâchés…
Pourtant, pour une raison que seul un pêcheur traditionnel peut comprendre, ce filet est descendu et remonté régulièrement, la tradition perdure et perdurera.
Mais de plus en plus, l’intérêt culinaire de ces carrelets se trouve ailleurs, et se nomme « Palaemon longirostris », plus connue sous le nom de crevette blanche.
J’avoue, mon amie et moi, on en raffole, c’est pour nous à l’apéro un vrai délice.
Elles se pêchent à l’aide de balances, appelés balustrés, appâtées avec un peu ce que l’on veut, pour nous c’est des croquettes pour chiens, aussi efficaces et surtout moins odorantes que des tètes de poissons ou des entrailles de poulets…
Mais la vie sur un carrelet n’est pas de tout repos, car il est des traditions ancestrales dont on ne peut déroger, en mémoire des anciens, même pour relever une balance. La plus sacrée de ces traditions se nomme apéro :
Toute bonne chose ayant une fin, le soleil se couchant il est temps de rentrer, non sans un dernier regard au petit paradis, pour qui sait l’apprécier.
Alors que nous nous éloignons, les vers de Beaudelaire reviennent en tête
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
A ce moment de la journée, où le soleil se marie avec la lune, il aurait même ajouté :
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière
Avant de s’endormir avec le monde, c’est rapidement que le produit de la pêche sera cuisiné, cinq minutes dans un court bouillon relevé de sel et surtout d’anis étoilé et de fenouil, et c’est prêt :
Il ne reste plus qu’à déguster, avec ce que vous voulez, pour mon amie ce sera du vin rosé, pour ma part j’opterai pour un vin blanc sec
Ainsi se termine une journée de pêche au carrelet en médoc, avant que le rêve ne laisse place à la réalité de la vie.
Mais un moment de rêve est un moment gagné sur la morosité ambiante, un moment sacré...
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- Maxi Tomo
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Magnifique ! On cultive le même esprit par ici, les cabanes à carrelet sont rares et chères dans le Marais Breton, à proximité de Beauvoir s/ Mer et Fromentine.
Il y a deux ou trois ans, nous avons ainsi passé une soirée "prolongée", plutôt à boire (raisonnablement) et à manger (déraisonnablement) dans le calme de cette nature à peu près préservée.
Il y a deux ou trois ans, nous avons ainsi passé une soirée "prolongée", plutôt à boire (raisonnablement) et à manger (déraisonnablement) dans le calme de cette nature à peu près préservée.
Si dans la discussion, la diversité des avis est utile, elle est déplorable dans l'exécution. (A. Thiers)
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
J'en connais quelques unes à côté de terre d'oiseau et d'autres sur l'ile Madame, mais je n'ai jamais eu la chance d'y être invité, je suppose que les sensations sont assez identique à celles que j'ai pendant mes heures d'affût en solitaire au pied d'un arbre. Petite question, sur la quatrième photo il y a une étagère avec six bouteilles de Bordeaux, c'est pour amorcer ?
" L'homme est un risque à courir "
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Lamapa a bien précisé que l'apéro était une tradition non négociable et comme le pécheur est, par nature, partageur, les quilles sont destinées à l'apéro des poissons, que crois-tu ?
Le capsicopathe compulsif
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Super sympa, pas très différent question ambiance de la chasse au canard en gabion. J'y accompagne régulièrement un ami, plus pour l'ambiance matinale au bord de l'eau et l'incontournable œuf au plat/ventrèche.
Je ne connaissais pas ces crevettes blanches, très proches des grises c'est la même espèce en eau saumâtre ?
Ça me donne bien envie d'organiser une sortie aux écrevisses
Je ne connaissais pas ces crevettes blanches, très proches des grises c'est la même espèce en eau saumâtre ?
Ça me donne bien envie d'organiser une sortie aux écrevisses
Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Alvige, oui les carrelets sont rares, et toute construction est interdite, donc c'est encore plus rare. Je n'ai pas précisé, mais je n'ai pas la chance de posséder moi même un carrelet, celui ci est celui d'un ami d'enfance, mais il me laisse les clés à disposition.
Je m'étais renseigné il y a quelques années pour en acheter un, mais ce qui est rare est cher... Très cher ...
Matou, si un jour tu te promènes du coté de Bordeaux, dis le moi, je verrai si je peux organiser un moment dans ces havres de paix.
Matou et Chriscal, les bouteilles sont pour la plupart des grands crus classés du coin, mais c'est de la déco, elles sont vides. Bon, c'est vrai qu'en arrivant à la cabane, elles étaient pleines
Valde, non ce n'est pas du tout la même espèce que les grises, c'est des crevettes qui ne vivent qu'en estuaire, et surtout celui de la Gironde. Je les trouve meilleures, un gout plus fin, et surtout une carapace bien moins dure que les crevettes grises, donc à mon gout bien plus agréables à manger.
Je m'étais renseigné il y a quelques années pour en acheter un, mais ce qui est rare est cher... Très cher ...
Matou, si un jour tu te promènes du coté de Bordeaux, dis le moi, je verrai si je peux organiser un moment dans ces havres de paix.
Matou et Chriscal, les bouteilles sont pour la plupart des grands crus classés du coin, mais c'est de la déco, elles sont vides. Bon, c'est vrai qu'en arrivant à la cabane, elles étaient pleines
Valde, non ce n'est pas du tout la même espèce que les grises, c'est des crevettes qui ne vivent qu'en estuaire, et surtout celui de la Gironde. Je les trouve meilleures, un gout plus fin, et surtout une carapace bien moins dure que les crevettes grises, donc à mon gout bien plus agréables à manger.
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- GiganTomo
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
il est grand quand même le carrelet !!!
je me disais qu'il y avait un saladier, comme poubelle de table ?
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- Maxi Tomo
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Crevettes d'eau saumâtre que l'on appelle "échilette" chez nous ; on utilise aussi l'expression "gros comme une échilette"...
Si dans la discussion, la diversité des avis est utile, elle est déplorable dans l'exécution. (A. Thiers)
Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Heidi, c'est pas un saladier mais un simple bol, c'est l'angle de la photo qui le grossit. En fait, chacun mange ces crevettes comme il veut, soit en laissant la tête, soit en mangeant tout. Le bol est pour celles ou ceux qui ne mangent pas la tête.
Alvige, je ne connaissais pas du tout ce nom "échilette", j'aime bien, ça sonne bien je trouve.
Alvige, je ne connaissais pas du tout ce nom "échilette", j'aime bien, ça sonne bien je trouve.
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- Maxi Tomo
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Re: Pêche au carrelet dans l'estuaire de la Gironde
Oui, c'est un terme rigolo, j'aime bien le "gros (ou gras) comme une échilette" pour qualifier un freluquet avec autant de tendresse que d'ironie.
J'ai souvent pêché et mangé de ces crevettes des pauvres, quand j'étais ado. Je m'en servais comme appât également.
J'ai souvent pêché et mangé de ces crevettes des pauvres, quand j'étais ado. Je m'en servais comme appât également.
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